Histoire urbaine - petite et grande histoire - art et architecture modernes - bâtiments anciens - jardins et villas - ateliers et industrie - musées et loisirs  du 3è arrondissement

Le Marais

Le sud du Marais (Saint-Paul) est abordé dans le 4è arrondissement.

Petite histoire du Marais
Au 12è siècle, l'ordre du Temple défriche les terres marécageuses situées au nord de l'enceinte de Philippe Auguste. Dès le 16è siècle, mais surtout après la création de la place royale (future place des Vosges) par Henri IV en 1605, l'aristocratie se construit de 5 grands hôtels particuliers selon le modèle en vigueur entre 16è et 18è s. Le transfert de la résidence royale au Louvre, puis à Versailles marque le début du déclin du Marais, la haute société préférant désormais les faubourgs Saint-Honoré et Saint-Germain. Au 19è siècle, Le Marais se densifie en devenant un quartier industrieux consacré à la confection et aux bijoux. Les réglementations d'urbanisme d'Haussmann obligent les constructions nouvelles à reculer leur alignement, afin d'élargir progressivement les rues. Mais de nombreux anciens immeubles n'ayant pas été détruits, la plupart des rues ont désormais une largeur irrégulière (photo ci-contre).

Au début du 20è siècle, le quartier juif implanté autour de la rue des Rosiers accueille de nombreux arrivants d'Europe centrale qui complètent le tissu de petits artisans de la confection. Mais les immeubles du Marais ne sont guère entretenus ; même les hôtels particuliers sont souvent défigurés par des entrepôts et des ateliers adventices. En 1969, André Malraux fait du Marais le premier "secteur sauvegardé" en application de sa loi sur la protection du patrimoine, ce qui a de nouveau entraîné une mutation sociale du quartier : le nombre d'ateliers a diminué, les classes moyennes, les métiers du spectacle se sont installés, ainsi qu'une communauté gay dont les drapeaux multicolores se sont multipliés autour de la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Aujourd'hui le Marais a retrouvé ses hôtels particuliers mais il a perdu sa vie artisanale et certains déplorent sa muséification. Le dimanche, les boutiques de mode et de décoration attirent une foule toujours plus dense autour de la rue des Francs-Bourgeois, qualifiée de périmètre touristique pour obtenir l'autorisation d'ouvrir le dimanche. Ces boutiques ont dû parfois garder les anciennes enseignes : ainsi cette "boulangerie" qui vend des chaussures.

("Tour" en partant du métro Rambuteau...)

La rue Rambuteau porte le nom du préfet de la Seine ayant précédé Haussmann, entre 1833 et 1848 : il perça cette rue qui était la plus large du quartier d'alors...

1- Rue du Temple. Au n° 71-75, l'hôtel d'Avaux de St-Aignan est décoré de têtes d'Indiens.

Café de la Gare, 41 rue du Temple (www)
Restauré récemment, l'ancien
l'hôtel de Berlize abrite le fameux café-théâtre de la Gare qui vit les débuts du Splendid, un restaurant Tex-mex et l'école de danse du Marais (www). Le soir vers 18h, le patchwork de musiques et de pas rythmés confère à la cour pavée une atmosphère assez envoûtante (ci-contre, avant restauration).

2- Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, rue animée de boutiques et de cafés spécialisés pour la communauté gay du Marais. Les premiers drapeaux multicolores qui marquaient le nouveau territoire au milieu des années 1990 ont disparu, comme si leur présence était devenue suffisamment évidente. En revanche, les drapeaux s'affichent sur les marges, par exemple rue des Lombards.
Un peu plus loin, au 23 de la rue du Roi de Sicile, s'est installé le PACTE, qui conseille les particuliers pour les travaux de leur appartement, dans le cadre de l'
OPAH du Marais mise en place pour 3 ans.

Boutique de thés Mariage Frères 30 rue du Bourg-Tibourg (www).

3- Rue des Blancs-Manteaux, occupée à son début par l'espace d'animation des Blancs-Manteaux, qui accueille des expositions. 
Rue vieille du Temple, n° 47, n° 54.

Synagogue.jpg (9757 octets)4- Rue des Rosiers, centre du quartier juif du Marais est devenue une halte traditionnelle pour un falafel (l'As du Falafel) ou chez Jo Goldenberg, au n° 15.

5-
Rue Pavée

Synagogue, 10 rue Pavée, 4è
(architecte Hector Guimard, 1913)
De style Art nouveau, elle fut construite au moment où s'installaient dans le quartier les juifs ashkénazes réfugiés d'Europe centrale. C'est un exemple parfait de "transition entre le modern-style et le style des années 20 : l'harmonie y est totale entre la rigueur d'une construction en béton armé, le dépouillement de l'ornementation, l'élégance des courbes et des contre-courbes de la façade" (B. Oudin).

Bibliothèque historique de la ville de Paris, 24 rue Pavée, 4è (www)
(métro Saint-Paul) (tél. 01 44 59 29 40, ouvert 13.00 à 18.00 du lundi au vendredi et 9.30 à 18.00 le samedi)
Bibliothèque historique de la ville de Paris potail extérieur.jpg (9362 octets)L'hôtel fut construit en 1584 pour Diane de France, duchesse d'Angoulême, fille légitimée d'Henri II, qui y a laissé des lettres D sur la façade principale donnant sur la cour. La décoration composée d'arcs, de flèches, de carquois, de têtes de chiens, évoque d'ailleurs le goût de Diane pour la chasse. La façade est d'une composition assez rare : les pilastres corinthiens (à feuillages) englobent les trois étages. L'hôtel fut loué puis acheté en 1688 par Chrestien François de Lamoignon de Malesherbes qui embellit le jardin, que l'on voit depuis la rue des Francs-Bourgeois. En 1718, il créa le portail qui porte les lettres L M. Dans la décoration, deux amours représentent les vertus du propriétaire : l'un porte un miroir symbole de vérité, l'autre un serpent pour la prudence. L'hôtel Lamoignon abrite aujourd'hui la bibliothèque historique de la ville de Paris. L'extension contemporaine de 1966 accueille des expositions.

6- Rue des Francs-Bourgeois avec les hôtels particuliers des n° 31 bis à 29 (la chapelle au fond du jardin est une ancienne tour de l'enceinte de Philippe Auguste, la rue des Francs-Bourgeois ayant remplacé l'ancien chemin extérieur), n° 30, n° 26.

H
ôtel Carnavalet, 23-29, rue de Sévigné, 4è (www)
(métro Chemin-Vert, Saint-Paul) (tél. 01 44 59 58 58, ouvert 10.00-18.00 sauf lundi)
L'hôtel est un bel exemple de l'architecture de la Renaissance. Il fut édifié en 1560 pour le président du Parlement de Paris, puis acquis par la veuve d'un gentilhomme breton surnommé "Carnavalet". Au 17è siècle, son nouvel acquéreur fut un financier. Ayant confié à François Mansart le soin d'agrandir l'hôtel, il le loua ensuite à la marquise de Sévigné. De 1677 à 1694, l'illustre épistolière y tint salon, recevant La Rochefoucault, Madame de La Fayette et tout ce que Paris comptait d'esprits cultivés et spirituels. Depuis la rue des Francs-Bourgeois on voit le portail à bossage typique de la Renaissance habillement inséré dans l'architecture postérieure de Mansart. Les bas-reliefs représentent la Force et la Vigilance. La Ville de Paris acheta l'hôtel en 1866 pour abriter les décors des immeubles détruits par Haussmann. Les œuvres d'art, les documents montrent le développement de Paris, les événements qui s'y sont produits, les personnages de son histoire. Les plafonds peints, le mobilier, les objets illustrent l'évolution de la demeure parisienne depuis le 16è siècle. Les premières salles évoquent le Paris des origines et du Moyen Âge par les objets retrouvés dans les fouilles lors des constructions. Ainsi, les pirogues trouvées à Bercy sont présentées ici depuis leur restauration. Des peintures représentent le Paris de la Renaissance. Depuis 1989, le musée s'est agrandi de l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, qui présente les meubles et les peintures du 19è et les collections de peinture du 20è siècle.

7- Place des Vosges
Place des Vosges.jpg (11535 octets)Construite en 1612 par Henri IV suite à un projet de sa belle-mère Catherine de Médicis, c'est la première place de Paris conçue de manière ordonnancée et cohérente. Elle constitua le modèle des "places royales" classiques, géométriques et ornées d'une statue royale équestre en son centre.  Auparavant, sur le côté Nord de l'actuelle place, s'élevait une des résidences royales : bâti en 1388 et acheté par la couronne en 1407, l'hôtel des Tournelles était une grande et belle maison entourée de murs munis de petites tours, d'où son nom. Lors d'un tournoi en 1559 rue Saint-Antoine le roi Henri II reçut un coup de lance malheureux du capitaine de sa garde. Au bout de 10 jours d'agonie, il expira dans l'hôtel des Tournelles que son épouse Catherine de Médicis prit en horreur et fit détruire. Elle s'installa au Louvre. A la place, se tint d'abord un grand marché aux chevaux. Premier roi "urbaniste" à mettre en œuvre des projets d'ensemble pour sa ville, Henri IV fit édifier en 1604 le pavillon du roi au sud et obligea les 35 autres pavillons à être construits selon un modèle unique. Les pavillons dits "du Roi" et "de la Reine" surélevés l'un en face de l'autre n'ont finalement jamais été habités par la monarchie. La place fut achevée en avril 1612 pour fêter le mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche (et celui de la sœur du roi avec Philippe IV d'Espagne). La place royale qui n'était pas encore un jardin, devient le centre de la vie élégante, lieu de commerce, de promenades et de loisirs, lieu de rendez-vous des duellistes qui bravaient l'interdiction de Richelieu. Avec le départ de Louis XIV pour Versailles, l'aristocratie délaissa un peu le Marais pour établir ses hôtels particuliers dans le faubourg Saint-Germain, mais la noblesse de robe resta fidèle à la place.

La place est un carré bordé de 36 pavillons de briques (ou en pierre couverte d'un enduit imitant la brique) construits sur arcades. Le premier étage, de haute taille, est l'étage d'apparat. Les arcades, les encadrements des fenêtres sont en pierre et les toits pentus en ardoise évitent la monotonie. Des boutiques s'ouvrent sur la galerie voûtée : antiquaires, libraires animent encore aujourd'hui la place. Derrière s'étendent des arrière-cours et des jardins cachés. Au milieu du square, Richelieu fit ériger en 1639 une statue équestre de Louis XIII. Renversée et fondue pendant la Révolution, elle fut remplacée en 1825 par une autre statue en marbre blanc. Le 19è siècle substitua à la place un jardin que la Ville de Paris a restitué dans son état originel en 1988. Après avoir changé plusieurs fois de nom, la place fut baptisée place des Vosges en 1800 par Napoléon pour remercier le premier département à avoir payé ses impôts - elle redevint d'ailleurs place royale de 1815 à 1870.

Musée Victor-Hugo, 6 place des Vosges, 4è (www)
(métro Saint-Paul, Bastille) (tél. 01 42 72 10 16, ouvert 10.00-18.00 sauf lundi)
Victor Hugo vécut ici de 1832 à 1848. Le deuxième étage de l'hôtel de Rohan-Guéménée abrita sa vie familiale, littéraire, politique et mondaine. Offerts en 1902 à la Ville de Paris, les dessins, tableaux, livres, objets, souvenirs sont organisés par ordre chronologique : son enfance, sa jeunesse et son mariage avec Adèle Foucher ; son exil de 1852 à 1870. Les meubles de la place des Vosges furent vendus aux enchères et dispersés : c'est pourquoi le musée n'est pas une reconstitution fidèle de l'appartement du poète. Le musée expose le mobilier et les panneaux gravés créés par Victor Hugo pendant l'exil, où il laissa libre cours à son goût pour la décoration. A son retour d'exil en 1870, il s'installe avec Juliette Drouet avenue d'Eylau (aujourd'hui avenue Victor-Hugo, 16è arrondissement). Au premier étage sont exposés des dessins du poète. On y voit des caricatures parfois cruelles, des dessins "océaniques" et des dessins d'architecture médiévale, dont il disait à Baudelaire : "j'ai fini par mêler à la plume du crayon, du fusain, de la sépia, du charbon, de la suie, et toutes sortes de mixtures bizarres qui arrivent à rendre à peu près ce que j'ai dans l'œil et surtout dans l'esprit. Cela m'amuse entre deux strophes".

(On peut remonter par la rue de Béarn...) (Ou prendre la suite vers Saint-Paul et l'Hôtel de Ville, un passage conduit vers les jardins de l'hôtel de Sully...)

Logements, 7 rue Saint-Gilles
(architectes Dominique Herzenberger et Jacques Vitry, 1987)
Afin de "retrouver l'esprit de l'architecture classique et du Marais", les architectes ont renoué avec les "retraits (du fronton), respirations et avant-cours, fréquents avant la généralisation de l'alignement de la rue haussmannienne". De plus, la composition est "asymétrique dans la symétrie", comme le faisaient volontiers les classiques (le bâtiment en saillie n'est pas au milieu, les deux ailes ne sont pas identiques). Les fenêtres sont parfois regroupées par deux, pour retrouver la notion d'"étage noble". La cour intègre les restes du couvent des Minimes, de Mansart, mais le passage public qui devait rejoindre la rue des Minimes a été fermé pour des raisons de sécurité. Le matériau utilisé est celui de la place des Vosges voisine, la brique.

Rue du Parc Royal : hôtels particuliers.

8- Square L. Achille et square Georges Cain, rue Payenne
Deux squares invitant agréablement au repos. Le square Georges Cain (du nom d'un ancien conservateur du  musée Carnavalet voisin) est un des dépôts lapidaires de la Ville de Paris : on voit notamment des éléments d'un fronton de feu Palais des Tuileries.

Musée Cognacq-Jay, 8 rue Elzévir
(métro Saint-Paul) (tél. 01 40 27 07 21, ouvert 10.00-18.00 sauf lundi)
Consacré aux meubles et aux arts du 18è siècle, le musée est aménagé depuis 1988 dans l'hôtel de Donon. Construit en 1575 pour Médéric de Donon, contrôleur des bâtiments du roi, sa façade sur la rue date du 18è siècle. Fondateurs de la Samaritaine, Ernest Cognacq et Louise Jay rassemblèrent une intéressante collection léguée à la Ville de Paris en 1929. Les peintures, les meubles, les objets évoquent aujourd'hui l'atmosphère raffinée du 18è siècle.

9- Musée de la serrurerie ou musée Bricard, place de Thorigny, 1 rue de la Perle (www)
(métro Saint-Paul) (tél. 01 42 77 79 62, ouvert 14.00-17.00 sauf samedi et dimanche)
(architecte Libéral Bruant, 1685)
Musée de la serrurerie.jpg (9930 octets)Le musée est installé dans un ancien hôtel particulier joliment restauré. Elevé en 1685 en même temps que les immeubles voisins par Libéral Bruant pour y habiter lui-même, l'édifice est d'un style assez éloigné des Invalides que l'architecte avait construit quelques années plus tôt. Couvrant toute la façade, le fronton est percé d'un oculus orné de cornes d'abondances et de deux amours. Un des escaliers est décoré de peintures en trompe-l'œil. L'hôtel a été acheté et restauré par la société Bricard, spécialisée dans le travail de la serrurerie décorative. Le musée expose des clefs en bronze et en fer gallo-romaines, des heurtoirs gothiques du Moyen Âge, des serrures et des clefs du 16è au 19è siècle. Un atelier de serrurier est reconstitué.

10- Musée Picasso, 5 rue Thorigny (www)
(métro Saint-Sébastien Froissart, Saint-Paul) (tél. 01 42 71 25 21,
1er avril-30 septembre ouvert 9.30-18.00, 1er octobre-31 mars ouvert 9.30-17.30, fermé le mardi)
Le musée Picasso a été aménagé dans l'hôtel Salé construit en 1656. Le bel hôtel a été construit pour Aubert de Fontenay qui était fermier des gabelles, c'est à dire récoltait l'impôt sur le sel, d'où le surnom donné par les Parisiens. Le musée a pu se constituer en 1985 grâce à la nouvelle loi de la dation en paiement des droits de succession : l'Etat a hérité de 203 peintures, 158 sculptures, plus de 3000 dessins. Voulue par Jacqueline Picasso, une seconde dation a enrichi le musée en 1990. Le musée présente aussi une centaine d'œuvres d'artistes contemporains ayant appartenu à Picasso. Le mobilier du musée a été dessiné par Diego Giacometti. Le frère du sculpteur Alberto a conçu notamment les banquettes, les chaises et les tables en bronze, les lustres en résine blanche. Organisé de manière chronologique, le musée prend en quelque sorte la suite de celui de Barcelone : il commence par la période bleue et rose, se poursuit par les peintures cubistes, mais expose surtout les œuvres postérieures aux années 1920. Son jardin est en partie accessible aux promeneurs, rue des Coutures (ci-contre).
 

11- Centre d'accueil et de recherche des archives nationales (CARAN), 11 rue des Quatre-Fils
(métro Rambuteau) (tél. 01 40 27 64 19, ouvert 9.00-17.00 du lundi au samedi, samedi réservé aux inscrits)
(architecte Stanislas Fiszer, 1988)
CARAN.jpg (7553 octets)L'édifice résolument moderne construit par Stanislas Fiszer a cherché à s'adapter au cœur du Paris historique grâce à la multiplicité des volumes et des matériaux. La façade assure la transition entre les petits hôtels particuliers classiques à gauche (elle est alors basse et fractionnée) et les dépôts des archives du 19è siècle à droite (la façade se rehausse et s'allonge). Côté cour, "le bâtiment s'efface devant l'hôtel de Rohan en reprenant ses proportions" : les corniches sont à la même hauteur, la façade est découpée en 16 carrés identiques, "surfaces neutres et symétriques". Plus discrète qu'une entrée centrale, l'entrée latérale laisse voir le jardin. Pour les matériaux, l'architecte a repris la pierre parisienne traditionnelle - mais plaquée -, et a ajouté du verre et du métal noir.

La plupart des rues ont gardé quelques hôtels particuliers, envahis par la densification des 18è et 19è siècles (rue de Braque, rue Pastourelle, rue de Beauce...)

Rue des Archives
12- Musée de la chasse et de la nature, 62 rue des Archives (www)
(métro Rambuteau) (tel. 01 53 01 92 40, ouvert 11.00-18.00 sauf lundi)
(architecte François Mansart, 1655)
Le musée occupe l'hôtel de Guénégaud des Brosses, construit par Mansart en 1655 pour le trésorier de l'Epargne du roi. La suite de son histoire est caractéristique des hôtels particuliers du Marais. Au 19è siècle, l'hôtel fut morcelé pour accueillir des ateliers. Arrivé dans un état de délabrement avancé, il a été sauvé par l'intervention d'André Malraux et la mise en place du secteur sauvegardé du Marais par le ministre de la Culture. Acheté par la Ville de Paris en 1961, classé Monument historique, il a été loué à François et Jacqueline Sommer qui l'ont fait restaurer pour y installer la Maison de la Chasse et de la Nature. Inaugurée en 1967, elle comprend un club privé et le musée. Le musée évoque la chasse à travers des armes de chasse (armes préhistoriques, arbalètes et arquebuses des 16è et 17è siècle, armes à feu des 16è au 19è), des tableaux de Rembrandt, de Breughel, de Desportes, de Monet et des trophées d'animaux naturalisés comme des ours, des caribous… Les salles d'exposition organisent des expositions sur la protection de la nature. Depuis la rue des Quatre-Fils, le jardin à la française a été reconstitué lors de la restauration de l'hôtel.

Au 58, rue des Archives, la porte fortifiée flanquée de deux tourelles en encorbellement (en surplomb) constitue les vestiges d'un hôtel de 1375, unique trace d'architecture privée de cette époque à Paris. Elle est inclue aujourd'hui dans les Archives nationales.

(Incursion vers la rue du Temple...)
Musée d'art et d'histoire du judaïsme, 71 rue du Temple (www)
(métro Rambuteau) (tel. 01 53 01 86 60, ouvert 11.00-18.00 sauf samedi, 10.00-18.00 le dimanche)
L'hôtel Saint-Aignan (17è s) vient d'être restauré pour y accueillir ce nouveau musée chargé de conserver, étudier et diffuser le patrimoine culturel du judaïsme. Il est notamment constitué de la collection du musée d'art juif et de la collection Strauss-Rothschild qui relatent l'évolution des communautés juives du Moyen Age au 20è siècle à travers leurs arts, leur patrimoine et leurs traditions.
Dossier www du Cndp.

13- Les Archives nationales, 60 rue des Francs-Bourgeois (www)
Archives Nationales vue générale.jpg (9117 octets)Le prince de Soubise fit reconstruire en 1705 un palais sobrement classique et imposant, qui s'oppose au décor de style rocaille de l'intérieur. L'hôtel de Soubise héberge les Archives nationales et le musée de l'histoire de France. Les Archives nationales furent créées par la Révolution (1790) pour garder une trace des documents de l'Assemblée nouvellement établie. Elles furent installées par Napoléon dans le palais Soubise en 1808, auquel s'adjoignirent ensuite l'hôtel de Rohan et 4 autres hôtels avoisinants. L'extension du fonds, qui occupe 450 km de rayonnages, a entraîné l'édification du CARAN. Les Archives conservent aujourd'hui les documents originaux provenant des institutions depuis les rois Mérovingiens jusqu'à nos jours.

Musée de l'histoire de France, 60 rue des Francs-Bourgeois (www)
(métro Rambuteau) (tel. 01 40 27 62 18 ou 60 96, ouvert tous les jours, sauf mardis, 10.00-12.30, 14.00-17.30, samedi et dimanche 14.00-17.30)
Au rez-de-chaussée, les appartements ont préservé l'exubérante décoration baroque achevée par Boffrand en 1740. Au premier étage, la chapelle est l'ancienne chapelle de l'hôtel de Clisson. En effet, lorsque l'architecte Delamair construisit en 1708 le nouvel hôtel de Soubise, il intégra ce qui restait des anciens hôtels de Clisson (vers 1375) et de Guise (16è siècle). L'ancienne salle des gardes des Guise expose depuis 1867 les documents importants de l'histoire de France, depuis les rois Mérovingiens jusqu'à la deuxième guerre mondiale : mémoire de Colbert, testaments de Louis XIV et Napoléon, lettre de Voltaire sur l'affaire Calas. Parmi les actes marquant de l'histoire sont exposés l'édit de Nantes, le traité de Westphalie (qui rattacha en 1648 l'Alsace à la France), la déclaration des Droits de l'homme. D'autres textes enfin témoignent de l'histoire économique et sociale : tarif des péages sur la Seine, loi sur le travail des enfants au 19è siècle, loi sur les congés payés en 1936.

La chambre de parade de la princesse et le salon ovale viennent d'être restaurés : leur munificente décoration de style rocaille a été réalisée par Boffrand en 1735, les peintures sont notamment de Boucher et de Trémolières. Consacrée à la Révolution française, la chambre à coucher de la princesse présente de nombreux documents : le serment du jeu de paume, le journal et le testament de Louis XVI, les dernières lettres de Marie-Antoinette et de Charlotte Corday. Des journaux, des affiches, des caricatures, des chansons accompagnent les grands textes sur l'organisation administrative : la création des départements, du système métrique…
 

Les jardins communiquent avec ceux de l'hôtel de Rohan.
Hôtel de Rohan,  87 rue Vieille-du-Temple (www) (ouvert uniquement le dimanche après-midi, sous la conduite de guides, réservation obligatoire au 06 10 12 67 27)
L'hôtel de Rohan fut construit pour l'un des fils du prince de Soubise. Doté d'une monumentale façade classique à colonnades et pilastres, il abrite le minutier central des notaires de Paris. Les anciennes écuries situées à droite de la cour sont décorées d'un bas-relief de Robert le Lorrain "les chevaux du soleil". Lieu d'expositions temporaires, l'intérieur de l'hôtel a notamment conservé un escalier et le cabinet des singes : cet ensemble de boiseries de 1750 évoque l'exotisme et les voyages alors en vogue.

Au n° 40 de la rue des Archives, la maison de la fille de Jacques Cœur (aujourd'hui une école maternelle).

Cloître des Billettes, 22-26 rue des Archives, 4è
C'est le seul cloître médiéval subsistant à Paris. Datant de 1427, orné de voûtes flamboyantes, il provient de l'ancien couvent installé ici au 13è siècle (des "frères de la Charité-Notre-dame", dits Billettes, puis des Carmes). Accueillant des expositions d'art, il est ouvert au passant (ci-contre). A côté, l'église du couvent fut reconstruite plusieurs fois. Datant de 1756, le bâtiment actuel a été affecté au culte évangélique en 1812.

 

Autour de Arts et Métiers

(Départ du métro Réaumur Sébastopol...)

Magasin Félix Potin, 51 rue Réaumur
Magasin Félix Potin.jpg (13658 octets)A l'angle de la rue Réaumur et du boulevard Sébastopol, l'opulent magasin témoigne de la prospérité au début du siècle de ce distributeur qui a fermé tous ses magasins en 1996 (c'est aujourd'hui un Monoprix). Construit en 1910, le grand dôme est typique des immeubles bourgeois de cette époque. Le grand magasin se signale en plus par une façade décorée de couleurs foisonnantes et d'abeilles, symboles du commerce et de l'abondance.

 

Station de métro Arts et Métiers
Station Arts et métiers.jpg (7155 octets)La station de la ligne 11 a été entièrement refaite par François Schuiten. Le dessinateur belge s'est inspiré de l'univers technologique du Centre national des arts et métiers (CNAM) et de son musée. Pour le plafond, il a dessiné une voûte de cuivre et un grand rouage. Les hublots de laiton présentent des maquettes issues du CNAM, comme le premier dirigeable...

 

14- Musée des Arts et Métiers, accès par le 60 rue Réaumur, 292 rue Saint-Martin (www du musée, www du CNAM)
(métro Arts et métiers)
(tél. 01 53 01 82 00, ouvert 10.00-18.00 sauf lundi, nocturne le jeudi jusqu'à 21.30) .
Eglise des Arts et Métiers.jpg (8972 octets)Le musée occupe un bâtiment de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs construit au 18è siècle. Déchue de sa vocation religieuse pendant la Révolution, l'abbaye fut affectée au Conservatoire des Arts et métiers à partir de 1798. Le musée des Techniques ouvrit au public en 1802 grâce à Jacques Vaucanson qui avait fait don au roi de ses automates et grâce aux biens des émigrés confisqués par la Révolution. Le musée vient de rouvrir, après une entière réorganisation. 8 000 objets illustrent l'histoire des techniques et des innovations du 16è siècle à nos jours : des automates, des machines, des outils, des cabinets de physique, des laboratoires évoquent les trouvailles en chimie (la salle de l'écho), en énergie, en mécanique, en horlogerie, en astronomie, en météorologie, en mathématiques (machines à calculer), en télécommunications, en physique, en optique (microscopes)… L'ancienne église de Saint-Martin-des-Champs accueille des avions suspendus et la locomotive de Stephenson.

Eglise Saint-Nicolas-des-Champs, 254 rue Saint-Martin (www)
(tél.  01 42 72 92 54, ouvert à partir de 17.45 du lundi au vendredi, 10.30-13.00/15.00-19.30 le samedi et 9.00-12.30/15.30-18.30 le dimanche)
Saint-Nicolas des Champs.jpg (8511 octets)L'histoire de l'église est typique de la plupart des églises parisiennes. Une première chapelle fut érigée en paroisse au 12è siècle. De la reconstruction gothique du 15è siècle datent la façade, le clocher et une partie de l'église. Le 16è siècle Renaissance allongea la nef, la borda des chapelles et édifia le portail sud. Le milieu du 18è siècle marqua un retour général aux formes antiques : les colonnes du chœur furent cannelées et coiffées de chapiteaux ioniques ondulés, les vitraux furent remplacés par des verres blancs. La Révolution ferma l'église et en fit un temple du mariage et de la fidélité. Elle fut rendue au culte en 1802 et réhabilitée par la Restauration. Le percement de la rue de Turbigo en 1854 permet de voir désormais les façades est et sud.

15- Marché des Enfants-Rouges, entre la rue des Oiseaux et la rue de Bretagne
Appelé ainsi à cause des pensionnaires d'un ancien orphelinat vêtus de drap rouge, le plus ancien des 13 marchés couverts de Paris a fait l'objet une polémique entre 1994 et 1995 : une partie des habitants s'est opposée à sa destruction, prévue pour édifier à la place un parking, un marché et une crèche. Le nouveau maire socialiste Pierre Aidenbaum a promu sa conservation.

Carreau du Temple, rues Eugène-Spuller, Dupetit-Thouars, de Picardie, Perrée, square du Temple
Enrichi lors des Croisades, l'ordre de moines combattants des Templiers fit bâtir à la fin du 12è siècle un monastère auquel menaient la rue du Temple (1242, rallongée en 1851) et la rue Vieille-du-Temple. Lors de la suppression de l'ordre en 1311, les biens du Temple revinrent aux Hospitaliers, notamment le monastère parisien. Il fut enrichi d'une tour aux épaisses murailles, puis d'un palais pour le grand prieuré (1567). Autour, l'enclos était une zone franche bénéficiant du droit d'asile : de nombreux artisans (et débiteurs…) s'y installèrent. Utilisée comme prison pour la famille royale pendant la Révolution, la tour fut détruite en 1811. Le prieuré devint un couvent avant d'être détruit en 1853 et être transformé en square (1857). L'enclos était devenu un marché de vêtements installé dans une rotonde de 1781.

Quatre nouveaux pavillons de bois proposèrent à partir de 1809 des dentelles et soieries, du blanc et des cotonnades, de la friperie (pavillon du "Pou volant"), des vieux cuirs, commerce auparavant installé près du marché des Innocents. Jugés insalubres, les pavillons furent remplacés en 1863 par les halles en fer, fonte et verre qui subsistent encore en partie aujourd'hui, construites par Mérindol dans le style de celles de Baltard. Mais le Carreau périclita au début du 20è siècle, concurrencé par le nouveau marché aux Puces de Saint-Ouen : les quatre principaux pavillons qui se poursuivaient jusqu'à la rue du Temple, furent détruits. Lorsque la municipalité a voulu condamner les deux pavillons restants, en 1973, les habitants et les commerçants l'ont fait reculer par leur mobilisation. Leur partie inférieure en dur montrait autrefois ses briques rouges et jaunes. Les encadrements de pierre plaqués autour des entrées latérales sont des vestiges de l'ancienne rotonde.

Mairie du 3è (www)
Pierre Aidenbaum (PS), 2 rue Eugène Spuller, 75 003 Paris, métro République, tél. 01 53 01 75 03, ouvert 8.30-17.00 du lundi au vendredi, 8.30-19.30 le jeudi et 9.00-12.00 le samedi.

Chiffres du 3è

Statistiques du recensement de 1990
Sondage de l'INSEE au 1/4
Chiffres du 3è Chiffres de Paris Chiffres de l'agglomération parisienne
Population totale 35 043 2 151 245 9 316 656
Population par âge (en %)
0-19 ans
20-39 ans
40-59 ans
60-74 ans
+ de 75 ans

17,5
39,3
24,2
11,1
7,8

18,6
35,9
24,7
12,2
8,5

25,5
33,8
24,7
10,2
5,7
Familles  (couples et enfants)
dont enfants

Personnes habitant seules (en % des ménages)
Nombre de personnes par ménage
21 660
7 412

56,3
1,78
1 423 932
491 292

49,8
1,92
7 486 068
2 920 272
33,2
2,41
Taux d'activité (en %)
dont chômeurs
63,9
10,3
60,9
9,7
62,5
9
Catégories socio-professionnelles des
ménages (selon personne de référence) (en %)
Agriculteurs
exploitants
Artisans, commerçants, chefs d'entreprises
Cadres professions intellectuelles sup.
Professions intermédiaires
Employés
Ouvriers
Retraités

Autres (élèves, étudiants, "au foyer")


0
7,6
26,5
13,4
11,5
10,4
20,3

10,2


0
5,5
23,4
13,9
13,8
10,5
23,4
9,4


0,1
5,3
18,4
16,3
14,2
17,4
22,3
6,0
Statut d'occupation du logement
par les ménages (en %)
Propriétaires-occupants
Locataires
Logés gratuitement

Logements sans confort
= (sans salle de bain ni WC intérieurs)


31,3
57,3
11,4
11,4


28,3
63,0
8,7
8,1
40,2
54,0
5,8

3,9
Ménages ne disposant pas de voitures (en %)
Actifs travaillant à Paris
= (même commune pour l'agglomération)
64,2
76,4
53,7
72,9
34,5
33,9

Sites internet du 3è
Le Paris de Philippe Auguste - Remarquable site sur la vie de la ville, les métiers, la muraille etc.
Mairie3.paris.fr - Site de la mairie informant sur la vie associative, la vie économique et citoyenne de l'arrondissement.


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