Réflexion
pour l'après : pourquoi l'école à mi-temps est une solution L'école a fermé, les familles se retrouvent en
école à la maison sans l'avoir voulu ni préparé. Après la sidération et les
débuts chaotiques, un rythme familial s'est mis en place. Tout le monde est
en manque des copains et d'interactions physiques, mais certains sont apaisés
par ce nouveau rythme mieux centré sur les besoins de l'enfant, surtout ceux
qui parviennent à limiter les taches scolaires, ceux qui ont gardé un contact
individualisé avec leur enseignant. Lorsque la
pandémie sera passée et que plus personne ne risquera quelque chose,
viendra l'occasion d'envisager une façon de faire évoluer l'école
qui réunirait les avantages
de l'institution Education nationale et les avantages des apprentissages autonomes. Imaginons
: les mêmes élèves, les mêmes écoles, les mêmes
enseignants, la même cantine. Mais au lieu de 30 enfants, les
classes sont divisées en deux groupes : un groupe de 15 enfants
vient le matin (et reste à la cantine), un autre groupe
de 15 enfants arrive à midi pour déjeuner puis enchaîne avec trois
heures d'activités scolaires. Pour l'autre
demi-journée où les enfants ne sont pas
gardés, les parents s'organisent avec les parents des
copains : chaque parent s'occupe de son enfant et de 3-4 copains une
demi-journée par semaine : ils vont au parc, jouent à des jeux de société,
écoutent des histoires, ou toute autre idée imaginée localement -la
créativité sociale dont fait preuve actuellement notre pays montre
que les parents pourraient être prêts. Avec les 35 heures, cette
mobilisation une demi-journée par semaine par un des deux parents est
possible. Tout le tissu de
l’éducation populaire, riche et expérimenté, peut être sollicité en soutien
aux familles, pour des activités sportives, culturelles, artistiques,
sociales, professionnelles pour aller à la découverte des métiers. L'avantage est énorme
: les pédagogies efficaces sont fondées sur l'interaction
avec l'enseignant, rendue difficile dans des classes trop nombreuses. D'un point de vue
de l'apprentissage, l'expérience des enfants instruits en famille
montre que 3 heures quotidiennes de travail scolaire sont largement
suffisantes pour acquérir un bon niveau et une bonne capacité à apprendre. Le
reste du temps, les apprentissages s'enracinent et se renforcent grâce à
des interactions différentes de la forme scolaire, temps essentiel où les
savoirs et les compétences prennent sens. Tout le monde pourrait
ainsi progresser. Les parents CSP+ dont le temps est voué à une profession
exigeante et dont les enfants sont abreuvés d'activités conformes à la
culture scolaire, mais aussi les familles aux revenus moindres
où les liens familiaux
actifs, les savoir-faire traditionnels, la
débrouillardise, l'ingéniosité ancrent les apprentissages. De fait, "la
coéducation va devoir progresser", l'Éducation nationale est invitée à
réfléchir à l''’individualisation des apprentissages, le modèle scolaire
[étant] donc interrogé", selon Alain Bouvier, ancien recteur et
membre du Haut conseil de l'éducation, dans le Café pédagogique. (30/03/20) Claudia Renau, 3 avril 2020 |
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